top of page
Rechercher

Accepter Babel (2) , ou les malheurs d’une traduction qui se voulait parfaite

Dernière mise à jour : 12 sept. 2021


Par Ana de Staal


Renoncer à la suprématie de sa langue : deuxième volet de la conférence sur la traduction française des Œuvres complètes de Freud, présentée au Colloque international des chercheurs en traduction, à la Casa Guilherme de Almeida, São Paulo, le 17/9/2017.


Theodor de Bry, 1591 - Archive : The Bodmer Lab


Je vous ai parlé toute à l’heure d’Antoine Berman (voir “Accepter Babel (1)”), un formidable théoricien de la traduction, qui à mes yeux a beaucoup influencé la traduction laplanchienne de Freud – or je pense qu’il est intéressant de résumer brièvement ses positions, si l’on veut comprendre certains principes qui ont implicitement guidé la traduction des Œuvres complètes en France.

Berman était un germaniste, un linguiste, un homme parfaitement inséré dans les débats intellectuels de son temps ; bien que plus proche de l’humanisme de Ricœur, il appréciait et s’inspirait volontiers des idées de Foucault, de Lévi-Strauss et de Lacan ; il participait activement aux séminaires du Collège international de philosophie fondé par Jacques Derrida et Jean-Pierre Faye ; il était traducteur de l’anglais (Richard Sennett), de l’espagnol (Gore Vidal) et de l’allemand (Schleiermacher). Berman est mort relativement jeune, à l’âge de 49 ans [1], en 1991 – c’est-à-dire à peine trois ans après la mise en œuvre du chantier de traduction des Œuvres complètes. Il nous a toutefois laissé une œuvre théorique et critique importante, qui, à un certain moment et de façon dialectique, a grandement influencé les intellectuels français mais a aussi été en quelque sorte le produit de leur influence sur lui. S’il élabore, comme nous allons voir, toute une théorie de la traduction centrée sur la notion d’accueil de l’étranger (que Ricoeur reprendra en partie), c’est aussi dans un environnement où la question de l’Autre était sans cesse posée à travers les travaux de Lacan (ou de Lévi-Strauss) et suscitait des ouvrages comme Nous et les Autres (1989), de Todorov, ou Étrangers à nous-mêmes (1988), de Kristeva[2].


La rencontre avec l’autre, avec l’étranger – la confrontation avec l’altérité à travers les traductions – est un moyen fiable de maintenir l’activité intellectuelle à un niveau élevé et de promouvoir un véritable débat d’idées.

Selon Berman toute traduction est avant tout un « projet de traduction » – c’est-à-dire qu’elle répond à un propos, à une idée que lui donne naissance et qui la propulse ensuite dans le monde. De façon imagée, on pourrait alors penser au texte traduit comme à un enfant qui n’est pas né du hasard mais qui aurait été désiré, « planifié », rêvé, et pour lequel – le cœur plein d’espoirs – on aurait essayé de faire une place dans la famille.

Je dirais alors qu’en ce sens, la pénurie, pis, la disparition des traductions de tel ou tel paysage culturel dénote fortement l’absence de projet du champ concerné : sa fertilité défaillante, son sentiment de manquer d’avenir.

Nous savons tous qu’il est possible d’estimer la position dominante d’une langue dans les sciences humaines en quantifiant le nombre de traductions qu’elle suscite ; à l’inverse, on peut aussi raisonnablement évaluer la vitalité d’un champ disciplinaire par le nombre de traductions et de langues traduites qu’elle est capable de mettre en œuvre dans le but de conserver ou d’améliorer la qualité de sa propre production. Il semble alors évident que, plus une discipline traduit des ouvrages, plus elle alimente une dynamique d’échanges qui viendra compléter le savoir qu’elle prétend véhiculer ou les problématiques qu’elle se fait fort d’aborder. Dans cette opération, la rencontre avec l’autre, avec l’étranger – la confrontation avec l’altérité à travers les traductions, pour parler comme Berman – est un moyen fiable de maintenir l’activité intellectuelle à un niveau élevé et de promouvoir un véritable débat d’idées. On connaît les désastres des endogamies biologiques ou culturelles ; les délires des pensées monadiques, qui fonctionnent en circuit fermé et dans une économie de pure perte [3].


Mais, bien sûr, il ne s’agit pas simplement d’un problème de quantité. Ce serait facile, s’il suffisait de jeter tous nos textes dans la bouche béante de Google, en attendant que, pour chaque langue sollicitée, son traducteur recrache à la fin une bibliothèque d’Alexandrie, quand bien même bourrée de fautes de syntaxe et d’orthographe.

L’Epreuve de l'étranger (1984), paru chez Gallimard

Si l’on souscrit un tant soit peu à l’idée de projet énoncée par Berman, il va de soi que celle-ci sous-entend également une éthique – en d’autres termes et à minima, une clarification quant au positionnement et aux tâches du traducteur (i.e. la place qu’il occupe et pourquoi faire) en relation au texte, à l’auteur et au lecteur. Or pour Berman, cette éthique relevait avant tout d’un combat contre les traductions ethnocentristes, ciblistes et dominées par la défense de la langue maternelle – n’oublions pas, comme l’un de ses biographes nous indique, que, né en 1942, Berman avait eu une jeunesse marquée par les grands mouvements de décolonisation. Ainsi, dans son livre le plus célèbre (le seul ouvrage théorique paru de son vivant), publié à Paris en 1984, L’Épreuve de l’étranger [4], Berman explique que traduire c’est avant tout reconnaître la diversité des langues, la possibilité de « l’étranger ». Il écrit par exemple que « l’essence de la traduction est d’être ouverture, dialogue, métissage, décentrement » (p. 16) ; que la traduction est finalement une translation, et que son décentrement présuppose de «renoncer à la suprématie de sa langue sur la langue originelle».


Il pense, en outre, que le traducteur a comme un devoir de poéticité et qu’il a par conséquent pour tâche de « faire œuvre », d’être poète et écrivain, en se plaçant à la hauteur même du texte auquel il s’affronte. Berman complète sa réflexion en soutenant que cette position importante, qui cherche à éliminer «l’impensé de la traduction» et qui enlève le traducteur d’une position « ancillaire [5] » et mal définie, ne doit en rien contrarier son postulat de l’étranger, car le respect absolu de « la lettre », avec tous les défis que cela suppose, reste la règle. En bref, dans l’opération de passage d’un monde à l’autre, il ne s’agirait nullement de chercher l’acclimatation de l’œuvre mais bien de préserver les rugosités, les aspérités intrinsèques à l’étranger, quitte à écrire dans une « “écriture-de-traduction”, une écriture qu’aucun écrivain français n’aurait pu écrire, une écriture d’étranger harmonieusement passée en français, sans heurt aucun (ou, s’il y a heurt, un heurt bénéfique)[6]. »



L’éthique de la traduction


Se plaçant plutôt du côté des Romantiques allemands et de Hölderlin, Berman se sentait essentiellement d’accord avec la théorie de la traduction de Walter Benjamin, à laquelle il avait consacré un important séminaire. (Malgré l’attachement de Berman aux idées de Benjamin, je pense toutefois qu’il est possible de discerner certaines différences importantes entre les deux auteurs, que nous ne pourrons pas préciser ici car le temps nous manque – retenons seulement que le fantôme de Benjamin hante non seulement toute la théorie bermanienne de la traduction mais également les débats français des années 1990 autour de la traduction laplanchienne de Freud.)

Dans son positionnement éthique sur le travail du traducteur, Berman combattait avec force ce qui était traditionnellement considéré comme une « traduction réussie » dans la mesure où elle cherchait justement à gommer toute trace de traduction dans le texte cible, et à traduire « comme aurait écrit l’auteur s’il avait écrit dans la langue d’arrivée[7]. »


« Ces deux principes [celui de “cacher” la traduction et celui d’”imiter” l’auteur] ont ceci de particulier pour moi, disait Berman, qu’ils érigent le “mensonge” comme principe fondamental de la traduction. La traduction est une traduction, pas un original[8]. »

L’éthique bermanienne de la traduction était ainsi guidée par un principe de vérité, qui permettait au traducteur de recréer, de modifier, voire de triturer, la langue d’arrivée, la langue cible, pourvu que cela soit l’œuvre d’un esprit au service de la lettre (jeux de mots, mis à part…). Or c’est bien cette théorie-là que Jean Laplanche, qui connaissait et appréciait Berman (et réciproquement)[9], a voulu appliquer à son « projet » de traduction des Œuvres complètes de Freud. Nous le savons, je le disais tout à l’heure, que le résultat n’a pas été des plus probants et que cette traduction a provoqué des réactions fort négatives dans les milieux intellectuels français. En ce sens, la question intéressante est – et était aussi à l’époque – d’essayer de connaître l’opinion de Berman lui-même. Et c’est bien ce qu’a fait l’association de traducteurs de la ville d’Arles qui, en 1988, a décidé d’organiser avec la maison d’édition Actes Sud un important colloque réunissant l’équipe des « freudologues » et différents théoriciens de la traduction[10] dont Berman évidemment. (Pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des traductions dans les sciences humaines, je recommande fortement la lecture des actes de ce formidable colloque, que l’on peut trouver ici. C’est une référence indispensable à l’étude des traductions.) Bien. À cette époque, le premier volume de la traduction des OCF venait de paraître : on avait passé de la théorie à la pratique, on était alors en mesure de juger sur pièces… Or la stupeur et l’incompréhension ont été telles que l’on avait l’impression que ce colloque d’Arles avait été expressément préparé dans le but de convoquer « à la barre » Laplanche mais surtout Berman pour qu’ils s’expliquent comme devant un tribunal – ce que d’ailleurs l’organisatrice du colloque s’est empressée de démentir dans son discours d’ouverture (en ajoutant tout de même immédiatement qu’elle ne comprenait pas pourquoi un tel drame autour de la difficulté de traduire Freud si l’on s’était déjà très bien débrouillés avec Shakespeare, Goethe et même Joyce ou Lezama Lima).


Au colloque, Laplanche, avec son esprit brillant, intelligent et extrêmement théorique présente sa défense en prenant les auditeurs de très haut mais, bien sûr, avec une grande élégance. Il donne une foule d’explications et d’exemples, et parvient à convaincre… ceux qui l’étaient déjà. Arrivé le tour de Berman, la question posée était : reconnaissez-vous dans cette traduction ? (un peu comme si on disait : reconnaissez-vous dans le visage de votre fille, ou elle a la tête de qui ?) Sa réponse, impossible de restituer ici, est assez subtile, détaillée, très argumentée. Mais en un mot, je dirais que sa réponse est : non.


Or, en fait, Berman relativise. Avec une extrême délicatesse, il commence par faire des éloges; il loue le courage et les efforts de ces freudologues qui se sont lancés dans cette tâche si difficile, il reconnaît leur dévouement et leur « assurance », il leur concède le fait d’avoir réussi à véritablement penser la traduction comme un « projet ». Puis il ajoute deux choses.

La première est que, d’après sa conception du projet de traduction, le principe de

« l’hétéronomie », c’est-à-dire le principe de littéralité doit être absolument respecté ; toutefois, précise-t-il, cette littéralité N’EST PAS la simple reproduction automatique de la structure de la phrase et des mots, mais bien le respect de « la manière dont l’œuvre originale se rapporte à la langue[11] » (pour Berman, toute traduction est avant tout « un processus où se joue […] notre rapport avec l’Autre[12] »).


« La traduction, dit Berman, doit donner autonomie à l’œuvre originale dans sa nouvelle langue, c’est-à-dire qu’elle doit viser à produire un second original. »

La seconde, c’est que nous ne pouvons pas non plus déroger à un deuxième principe mais que – malheur des malheurs ! –, ce deuxième principe est « quasiment opposé à celui qui vient d’être évoqué, à savoir que la traduction doit donner autonomie à l’œuvre originale dans sa nouvelle langue, c’est-à-dire qu’elle doit viser à produire un second original[13] » (on reconnaît ici l’idée de Benjamin). Berman plaide donc clairement pour une sorte de conciliation ou d’arrangement entre l’hétéronomie du texte source et l’autonomie du texte cible[14]. Le projet de traduction réussi sera celui qui saura doser correctement le mélange entre hétéronomie et autonomie – allant du sirop léger au caramel, selon ce qu’on désire très précisément obtenir pour tel ou tel auteur (et en sachant que chaque auteur demande un équilibre différent, chacun ayant sa propre consistance).


Dans le cas de la traduction laplanchienne, on finit par comprendre que Berman a tout de même plusieurs critiques à lui adresser. Concernant l’hétéronomie, il semble reprocher aux freudologues un manque de discernement à certains moments. Il signale par exemple que les traducteurs ont souvent morcelé, démembré le mot allemand pour lui donner un sens quasi originaire ou purement étymologique, alors-même que le sens courant, trivial, est plus clair et fonctionne mieux. C’est là un problème lié à une « érudition d’étymologue », pour ainsi dire (une érudition de comptoir), qui peut se révéler finalement très superficielle puisque, sous prétexte de chercher ce qui se cache derrière les mots, reste beaucoup trop déconnectée de la vie ordinaire de la langue et des contextes actuels.


« Bedeutsamkeit, dont le dictionnaire dit que c’est l’importance, la traduction dit significativité, en prenant en compte la relation entre Bedeutsamkeitet bedeuten (signifier)[15]. »


Il y a aussi le problème de la restitution systématique de certains signifiants allemands par certains signifiants français. Berman dit qu’il comprend que – pour garder le jeu de Freud avec la langue allemande puisqu’il utilisait le même mot dans des acceptions très différentes –, on ait envie de traduire par exemple le mot Wunsch systématiquement par le mot souhait. Mais il souligne aussi qu’il s’estime devant une faute de traduction lorsque, quelque part dans le texte de Freud, il lit la phrase suivante : « Le cas de maladie décrit ici, ne laisse rien à souhaiter. » (Au lieu de l’expression idiomatique habituelle « ne laisse rien à désirer »). Berman commente :


« Cela a donc été traduit littéralement. On comprend parfaitement pourquoi : la chaîne signifiante Wunsche st très importante dans ce texte, on la retrouve partout, par une décision systématique, qui fait la fidélité de la traduction. On a rendu partout Wunsch par souhait. Oui, mais on peut avancer également que, dans ce fragment de phrase, Wunsch est pris dans un stéréotype. D’où se pose une question, qui n’est rien d’autre qu’une question, mais qui est adressée […] en premier lieu à l’équipe des traducteurs de Freud : est-ce que, lorsqu’un signifiant est pris dans un stéréotype, il garde sa signifiance ? … »

Et le problème que cela pose pour Berman (au-delà de l’aspect un peu ridicule de la phrase) c’est qu’au nom d’une supposée fidélité au texte, on a justement manqué de traduire l’ensemble du stéréotype,une expression idiomatique typique de la structure prosaïque : on a confondu un élément phrastique avec un élément lexical.


« Pourquoi une traduction […] qui livre à un lecteur français ne connaissant pas l’allemand la signification de ces deux phrases, ne parvient-elle pourtant pas à produire ce qu’on pourrait appeler — sans trop savoir ce que c’est — une “vraie” phrase française ? »

Venons-en à la question de l’autonomie : la traduction française des OCF réussissait-elle à faire des textes de Freud une œuvre en français à part entière ? « Faisait-elle œuvre ? » On pouvait avoir des doutes… L’histoire le dirait comme toujours, mais, selon Berman, à première vue le résultat était décevant. Dans l’ouvre, le mauvais dosage de l’hétéronomie finissait par gâcher les possibilités d’autonomie. Écoutons Berman encore une fois, qui explique ce déséquilibre, en commentant la traduction d’une des phrases de Freud par les freudologues :


« On dirait que les traducteurs ont procédé à un morcelage analytique, élément par élément, en disant : ernsthaft je vais le rendre par sérieux, früh par précoce, späterepar ultérieur, etc., point par point. La phrase a été considérée comme un ensemble d’éléments signifiants, isolables en eux-mêmes, et ces éléments ont été rendus de manière littérale, tout à fait exacte, non seulement dans la littéralité, mais dans l’originarité de la signification des termes qui sont proposés, autant que faire se pouvait. Mais du coup on peut estimer — sans que ce soit une phrase mauvaise en français, au sens banal — que cette phrase ne tient pas très bien comme phrase de prose française. […] Alors, pourquoi une traduction […] qui livre à un lecteur français ne connaissant pas l’allemand la signification de ces deux phrases, ne parvient-elle pourtant pas à produire ce qu’on pourrait appeler — sans trop savoir ce que c’est — une “vraie” phrase française [16]? »


Tout est dit. La traduction était fiable, mais il y avait un « hic » : elle n’était pas en langue française. Les freudologes avaient créé une novlangue.

Dix ans après ces aventures, dans un article publié dans la revue de traductologie canadienne TTR[17], Sherry Simons (ancienne élève de Roland Barthes) nous apprend que Berman aurait subtilement changé d’avis sur sa propre théorie à la fin de sa vie, à l’époque où il rédigeait une critique de la traduction de John Donne (vers 1990). Voici ce qu’elle constate :


« [Q]uant à l’éthique, je crois lire un renversement très important par rapport à L’Épreuve de l’étranger. Au lieu de mettre l’accent sur le devoir à l’égard de la “lettre”, ici Berman dira que “[l]e traducteur a tous les droits, dès qu’il joue franc jeu” (p. 93). Le devoir du traducteur n’est pas à prédéfinir par une obligation prédéterminée vis-à-vis du texte mais bien la transparence de cette relation, quelle qu’elle soit. Berman abandonne les débats futiles entre sourciers et ciblistes pour insister davantage sur l’importance du projet du sujet traduisant. »


Peut-être qu’effectivement fatigué de « ces débats futiles entre sourciers et ciblistes » qui avaient enflammée un temps la scène littéraire française, Berman avait fini par passer de la position radicale (et quasi-maniaque) où le sacrifice de la langue cible est prescrit au nom de la fidélité à la lettre, à une autre position, de tolérance radicale (et quasi-dépressive), où tous les coups sont permis pourvu que le traitement que l’on fait subir à l’original soit ouvertement affiché et accessible à la compréhension du lecteur. De l’éthique (surmoïque) de la dure vérité, à l’éthique (moïque) de la simple transparence.


A. de S.




Notes [1] 1942-1991. Voir pour les données biographiques l’article de Dominique Rougé, « Introduction à l’œuvre théorique d’Antoine Berman, traductologue français », Synergies, Pologne 12 (2015), 11-17.

[2] Comme le fait remarquer Dominique Rougé, op. cit.

[3] Toutefois, Marc de Launay fait à juste titre remarquer que la Grèce ancienne n’a rien traduit ; d’un côté, elle était en pleine ébullition pour la production de ses concepts propres, de l’autre côté, les barbares ne l’intéressaient absolument pas.

[4] L’Épreuve de l’étranger. Culture et traduction dans l’Allemagne romantique : Herder, Goethe, Schlegel, Novalis, Humboldt, Schleiermarcher, Hölderlin,Paris, Gallimard, 1984, coll. Tel. Le titre, L’Épreuve de l’étranger,fait directement référence au concept freudien d’« épreuve de réalité ».

[5] « […] la condition occultée, refoulée, reprouvée et ancillaire de la traduction, qui se répercute sur la condition des traducteurs, à tel point qu’il n’est guère possible, de nos jours de faire de cette pratique un métier autonome. » A. Berman, L’Épreuve de l’étranger, p. 14.

[6] A. Berman, « La traduction et la lettre », in Les Tours de Babel,1985, p. 66.

[7] Actes, op. cit., p. 113.

[8] Ibid.

[9] Berman était un spécialiste de Hölderlin et la thèse de médicine de Laplanche portait justement sur la schizophrénie de Hölderlin et sa traduction d’Antigonede Sophocle.

[10] Marc de Launay, Céline Zins, Georges-Arthur Goldsmith, Pierre Cotet, Jean Laplanche, Antoine Berman, Bernard Lortholary, etc.

[11] Actes, op. cit.,p. 113 sq.

[12] Berman, 1984, p. 287-288.

[13] Ibid.

[14] « Si la vérité d’une traduction réside primordialement dans ce qu’on pourrait appeler son “hétéronomie”, à savoir qu’elle n’est que l’écho d’un texte premier écrit dans une autre langue — elle n’est que ça en un sens —, dans un autre sens elle est plus que cela : elle est une œuvre qui donne vie à la première œuvre dans la langue traduisante : elle a statut d’œuvre. Cette autonomie, la traduction va la gagner dans un travail sur la langue traduisante, et sur l’écriture dans la langue traduisante. Elle va être, au même titre que les œuvres autochtones, une œuvre dans la langue traduisante. À son tour cette union, dans une traduction réussie, de l’autonomie et de l’hétéronomie, ne peut résulter que de ce qu’on pourrait appeler un projet de traduction, lequel projet n’a pas besoin d’être théorique, notamment fondé sur la linguistique, mais par contre il a besoin d’exister. »

[15] Actes, op. cit.p. 119.

[16] Ibid.

[17] Cf. la recension du livre de Berman faite par Sherry Simons :« Antoine Berman. Pour une critique des traductions : John Donne. Paris, Gallimard, 1995 », TTR – Traduction, terminologie, rédaction 81 (1995), p. 282-287.



167 vues

Posts récents

Voir tout
bottom of page